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SECTIONS D’ANATOMIE ET DE BOTANIQUE.

tout par lui-même et s’occuper de tous les détails, au point qu’aucune graine ne pouvait être donnée ou reçue que par ses mains. C’était trop, et, distrait d’ailleurs par d’autres soins, il laissa péricliter l’établissement.

Dufay lui succéda en 1732 : c’était un physicien de mérite, — dans le sens que le mot physicien a pour nous maintenant. L’électricité lui doit l’hypothèse des deux fluides, et c’est là, pour le dire en passant, un assez mauvais service qu’il rendit à la science. En tout cas, il sut remettre le Jardin du roi sur un bon pied et s’entourer d’un personnel d’élite. Atteint de la petite vérole et se sentant mourir, il pria le roi de lui donner pour successeur le jeune Buffon, qui ne paraissait alors avoir aucun titre à un pareil choix.

Fils d’un magistrat fort riche et fort considéré, Buffon, comme Réaumur, étudia d’abord toutes les sciences en amateur. Il commença par produire des mémoires de géométrie ; mais en voyageant à travers l’Europe, il avait rassemblé quelques notions sur les sciences de la nature, et, lorsque l’Académie des sciences l’appela dans son sein, à l’âge de vingt-sept ans, elle le plaça dans la section de botanique. Ce fut cinq ans après que le choix de Dufay mourant le désigna pour l’intendance du Jardin du roi. Sa vocation fut dès lors décidée, et il s’appliqua de toutes les forces de son génie à mériter cette épigraphe qu’on devait mettre un jour sur sa statue : Naturam amplectitur omnem. L’écrivain chez Buffon a éclipsé le savant. En somme, il n’a laissé que bien peu d’observations nouvelles et d’expériences précises. Son génie oratoire se complut, soit dans des œuvres de haut vol, où se déroulent avec audace les hypothèses les plus hasardées, soit dans de splendides descriptions, qui brillent surtout par la belle et majestueuse ordonnance des détails.