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Lavoisier reconnut tout de suite que c’était là l’élément de l’air qui entrait en combinaison avec les métaux. Déjà instruit des fonctions physiologiques de ce gaz, il l’appela d’abord air vital ou « air éminemment propre à entretenir la combustion et la respiration ».

C’est en 1778 seulement qu’il lui donna le nom d’oxygène, voulant marquer par là que ce gaz est l’origine de la qualité propre aux acides. De 1774 à 1778, en effet, il avait produit d’abord l’acide carbonique par la combustion du diamant, comme les anciens académiciens del Cimento, puis l’acide phosphorique et les acides sulfurique et nitrique.

Dans ces quelques années, le rôle de l’oxygène était devenu tout à fait prépondérant en chimie. Lavoisier avait tracé la théorie générale des acides, des oxydes, des sels. Un acide résulte de l’union d’un corps simple, ordinairement non métallique, avec l’oxygène ; un oxyde est une combinaison de métal et d’oxygène ; un sel enfin est formé par l’union d’un acide et d’un oxyde. Ainsi se formulait un système complet qui, dès l’année 1778, s’opposait aux idées de Stahl.

Celles-ci ne cédèrent pourtant le terrain que fort lentement, et Lavoisier rencontra pour adversaires plusieurs des savants mêmes qui lui apportaient le tribut de leurs découvertes. Priestley, par exemple, fut un de ces contradicteurs acharnés ; le chimiste qui avait découvert l’oxygène tint jusqu’au bout pour le phlogistique : pour lui, l’oxygène était de l’air déphlogistiqué. Priestley était un esprit ardent et inquiet ; théologien autant que physicien, il s’attira des persécutions par le zèle avec lequel il défendit l’unitarisme ; l’ardeur qu’il montra pour les principes de la Révolution française le fit nommer membre de notre Convention nationale, mais lui ferma les portes de sa patrie : il alla mourir en Amérique, près des