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LAVOISIER.

du métal a lieu précisément quand on élimine cet élément aériforme.

Pour mettre ces faits en évidence, il suffit à Lavoisier d’une balance exacte. Il pesa les corps froids et calcinés, et il vit clairement l’augmentation de poids qui résulte de la calcination. Supposer que les éléments de la matière conservent leur poids au milieu des modifications qu’ils peuvent subir était une vue ingénieuse ; y trouver le principe d’une méthode générale de recherche était un trait de génie. Les anciens chimistes s’étaient bien à l’occasion servis de la balance, mais ils l’avaient considérée comme un instrument secondaire et n’avaient pas su en tirer parti.

Robert Boyle avait reconnu que les métaux augmentent de poids par la calcination ; il avait attribué ce phénomène à la chaleur qu’ils absorbent. Stahl ne l’avait pas ignoré non plus ; mais il n’y vit qu’une circonstance indifférente qu’il ne prit même pas la peine d’expliquer. On ne s’attachait de son temps qu’à l’apparence extérieure des faits, et l’on ne considérait que le côté qualificatif des phénomènes. Il appartenait à Lavoisier de fonder une science nouvelle sur la considération des quantités.

Dès l’année 1772, il fit connaître à l’Académie que le soufre et le phosphore augmentent de poids en brûlant dans l’air, parce qu’ils absorbent une partie de cet air, et il établit que la réduction des chaux métalliques donne lieu à un dégagement de gaz. En 1774, il produisit un mémoire décisif sur la calcination de l’étain. Ayant maintenu longtemps de l’étain en fusion dans un vase clos, il montrait que l’accroissement de poids du métal était égal au poids de l’air qui rentrait dans le vaisseau lorsqu’on ouvrait celui-ci après le refroidissement. Dans cette même année 1774, Priestley découvrit le gaz oxygène, et