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SECTION DE CHIMIE.

vitriol sur sept de cette liqueur. La quatrième, d’odeur de cumin austère et amère, a rendu laiteuse la solution du sublimé, etc. La tête morte avait plus de volume que le café. » Voilà du café bien mal employé, M. Bourdelin eût mieux fait de le boire.

Au milieu des nuages de cette chimie antérieure à Lavoisier, deux noms se distinguent, ceux de Homberg et de Leymery. Ils ont fait autorité dans leur temps ; ils ont été cités par Voltaire, d’Alembert et les encyclopédistes.

Homberg était fils d’un gentilhomme saxon ruiné par la guerre de Trente ans, et qui avait émigré à Batavia pour essayer d’y refaire sa fortune. Le jeune Homberg vint de bonne heure en Europe, et suivit les cours des principales universités de l’Allemagne, où il acquit une instruction très-sérieuse sur toutes les sciences alors cultivées. Cette instruction fut complétée par des voyages, et Homberg avait déjà en Europe la réputation d’un savant distingué quand il fut appelé en France par Colbert. Il se lia avec le duc d’Orléans, qui le nomma son médecin, et qui installa pour lui le plus beau laboratoire de chimie qu’on eût encore vu. Ses relations avec ce prince amenèrent un jour sur la tête de Homberg de sinistres accusations. Quand la mort frappa la famille royale à coups redoublés, que le dauphin, puis la duchesse et le duc de Bourgogne disparurent soudainement, bien des gens voulurent voir dans ces catastrophes la main du duc d’Orléans ; le mot de poison fut prononcé, et l’officine de Homberg suspectée. Le roi méprisa ces clameurs accusatrices ; mais elles assombrirent les dernières années du chimiste. Les mémoires de l’Académie des sciences contiennent un grand nombre de travaux de Homberg. C’était un expérimentateur infatigable, et il touchait à tout sans avoir d’ailleurs pour se guider de