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SECTION D’ASTRONOMIE.

l’expédition de Laponie ; Lalande observait au Luxembourg, La Caille au collège Mazarin. L’école militaire avait un observatoire confié à l’académicien Jeaurat ; la marine en avait à l’hôtel de Cluny un autre qui était dirigé par Messier ; la confrérie de Sainte-Geneviève faisait étudier le ciel par son bibliothécaire, Pingré, dans les bâtiments actuels du lycée Corneille. De son côté, le marquis de Courtanvaux, académicien honoraire et grand seigneur fort riche, avait installé dans sa terre de Colombes un observatoire des plus coquets et des mieux pourvus. La province enfin avait des observatoires à Lyon, à Dijon, à Marseille, à Montauban, à Toulouse, à Brest.

Ainsi, en dehors des grands géomètres qui ont fait avancer les théories astronomiques, nous pourrions trouver dans la section d’astronomie une longue liste d’observateurs exacts et sérieux. Prenons-y seulement quelques noms qui attirent plus particulièrement l’attention.

Bailly, fils d’un gardien des tableaux du Roi, destiné par son père à la survivance de cette place, s’instruisit seul dans les sciences. Il débuta par une théorie des satellites de Jupiter, qui obtint dans son temps un grand succès. L’œuvre principale de Bailly est pour nous son Histoire de l’Astronomie. Le style en est recherché, mais en quelques parties elle est pleine d’érudition et présente des modèles d’une science exacte et sérieuse.

C’est une figure originale que celle de l’astronome Lalande. On nous le représente comme une sorte de bourru bienfaisant, en querelle avec tout le monde, affectant de braver les préjugés et d’appeler crûment chaque chose par son nom, ne craignant pas de s’installer sur le Pont-Neuf pour montrer les étoiles aux passants, fort honnête homme d’ailleurs, loyal et généreux à sa