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L’ACADÉMIE ET LES ACADÉMICIENS.

d’ensemble. Mais, en 1755, l’état des finances empirant de jour en jour, le subside fut définitivement retiré. Sans se décourager, Cassini organisa immédiatement une association privée qui devait poursuivre à ses risques et périls l’entreprise commencée. Cette initiative hardie eut d’abord un plein succès. La Cour, le Parlement, la Chambre des comptes, fournirent des souscriptions empressées, et pendant plusieurs années encore Cassini put continuer son travail.

Le zèle des actionnaires ne tarda pas cependant à se refroidir, et c’est au milieu de péripéties diverses que l’œuvre de la Carte de France atteignit les années de la Révolution. Il ne restait plus à faire qu’une partie des feuilles relatives à la Bretagne et à la Provence (15 feuilles sur 181), lorsqu’un décret de la Convention nationale, rendu le 21 septembre 1793, sur le rapport de Fabre d’Églantine, confisqua, comme propriété de l’État, les cuivres et les exemplaires tirés qui existaient dans les magasins de la Société. Ce matériel fut transporté au Dépôt de la guerre. En vain Cassini IV protesta contre cette résolution inique. Ses réclamations énergiques le conduisirent en prison, et il ne fut sauvé que par les événements de thermidor.

Les Cassini nous ont mené ainsi jusqu’à la période révolutionnaire. Mais pendant le xviiie siècle, les travaux astronomiques ne furent pas concentrés, comme ils le sont actuellement, à l’Observatoire royal. La ville de Paris, durant cette période entière, compta presque constamment huit ou dix établissements organisés pour l’étude du ciel. Ainsi Bernoulli, dans un voyage qu’il fit à Paris en 1767, constata que Lemonnier, astronome du Roi, avait chez lui, rue Saint-Honoré, une station installée au moyen des instruments qui avaient servi à