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L’ACADÉMIE ET LES ACADÉMICIENS.

vérités mathématiques, et qui se trouvent assez à l’aise sur les sommets de la géométrie pour tracer sans effort des voies nouvelles. Fils d’un pauvre professeur de mathématiques qui élevait à grand’peine sa nombreuse famille, il fut nourri dès son enfance des plus fortes études. Ce fut une sorte d’enfant prodige, et, contrairement à ce qui arrive d’ordinaire en pareil cas, il tint les promesses de ses premières années. À dix-huit ans, il entrait à l’Académie des sciences avec une dispense d’âge. Une modique pension, rehaussée par sa gloire précoce, lui permit de se livrer tout entier à ses travaux ; il le fit tout en remplissant dans le monde ce rôle brillant que la société du xviiie siècle assurait à tous les esprits d’élite. Le Traité sur la figure de la terre, publié par Clairaut à la suite de son voyage en Laponie, demeure comme un des monuments de l’histoire des sciences. Maupertuis, à peine revenu de l’expédition, s’était hâté d’en publier les résultats (1738) pour s’en attribuer le principal honneur. Clairaut ne se pressa point ; c’est en 1743 seulement qu’il donna au public le fruit de ses recherches et de ses méditations. « L’ouvrage de Clairaut, dit M. Bertrand, est peut-être, de tous les écrits mathématiques composés depuis deux siècles, celui qui, par la forme sévère et la profondeur ingénieuse des démonstrations, pourrait le mieux être comparé, égalé même aux plus beaux chapitres du Livre des principes. Clairaut s’est pénétré de l’œuvre admirable de Newton, et de ce commerce intime avec un génie plus grand que le sien, mais de même famille, est sorti un géomètre tout nouveau. Les premiers travaux de Clairaut avaient donné de grandes espérances ; le Traité sur la figure de la terre les dépasse, et de bien loin. » Clairaut devait être en effet le premier à reprendre, après cinquante ans, l’œuvre commencée par Newton. Le grand géomètre anglais avait