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EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES.

spéciales dans les occasions extraordinaires, et elle trouvait ainsi des ressources pour organiser une série d’expéditions lointaines. Cette tâche, il faut le dire, lui était souvent facilitée par le désintéressement et la générosité de ceux de ses membres qui étaient chargés de ces voyages.

Une des plus anciennes parmi les explorations scientifiques est celle que Richer fit à Cayenne ; il y résolut plusieurs questions d’une importance capitale ; il y démontra que le pendule qui bat la seconde est plus court dans les régions équatoriales qu’à Paris, et il fournit ainsi les premiers éléments pour déterminer la façon dont la pesanteur varie suivant les latitudes. Dans le même voyage fut calculée la distance de la planète Mars à la terre ; c’était un moyen de fixer le rayon encore inconnu de l’orbite terrestre. Jusque-là les astronomes ne connaissaient que les rapports des distances planétaires, et ils n’avaient aucune idée de la valeur absolue de ces grandeurs. On eut dès lors un terme de comparaison pour établir les dimensions du système solaire.

La double expédition envoyée en Laponie et au Pérou pour mesurer la longueur des degrés polaires est une des plus célèbres dans les annales de l’Académie. Il nous suffit d’ailleurs de la rappeler ici en peu de mots ; car nous avons déjà eu occasion d’en parler avec quelques détails, quand nous nous sommes occupé des travaux de Voltaire sur Newton[1]. Bien que les théories de Newton eussent commencé à se répandre en France, on n’était pas encore fixé sur la véritable figure de la terre. Cassini, directeur de l’Observatoire, et beaucoup d’autres astronomes, se fondant sur les mesures données par Picard, prétendaient que les degrés sont plus courts

  1. Voyez dans le présent volume, livre Ier, chapitre iv, pages 50 et 51.