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L’ACADÉMIE ET LES ACADÉMICIENS.

chaque année « celui qui aurait le mieux réussi en une méthode courte et facile pour prendre plus exactement les hauteurs et degrés de longitude en mer et en des découvertes utiles à la navigation et grands voyages. »

Il voulait ainsi contribuer après sa mort à la solution de ces problèmes dont il s’était occupé de son vivant, et pour lesquels il avait proposé des solutions quelquefois bien bizarres. En ce qui concerne les longitudes par exemple, il avait espéré qu’un coq, né sous un certain méridien et habitué à chanter à un certain moment dans le lieu de sa naissance, continuerait à chanter aux mêmes intervalles, si on le transportait en d’autres lieux ; un coq de Lisbonne, habitué à chanter chez lui à minuit, chanterait ainsi à une heure à Paris. Cet animal devait donc servir de chronomètre pour estimer entre deux stations la différence des heures, c’est-à-dire des longitudes.

De pareilles singularités furent invoquées comme des preuves d’insanité d’esprit par le fils de Rouillé de Meslay, qui, mécontent de voir son héritage entamé, attaqua le testament paternel ; mais l’Académie obtint gain de cause, et à partir de 1721 elle commença la distribution des prix en se conformant autant que possible aux volontés du testateur. Le problème de la cause première du mouvement des planètes disparut bientôt de ses programmes ; mais celui des longitudes resta à l’ordre du jour pendant plus de cinquante ans.

D’autres prix vinrent s’y joindre, et l’on vit les plus grands noms de l’Europe, les Bernoulli, les Euler, se disputer à l’envi les récompenses académiques et les mériter par des travaux considérables.

L’autorité que l’Académie des sciences avait acquise lui assurait d’ailleurs de la part de l’administration des subventions