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L’ACADÉMIE ET LES ACADÉMICIENS.

même en présentant pour chaque place vacante une liste de trois membres à la nomination du roi. Le système se complétait par l’adjonction d’un élève à chaque pensionnaire. Les pensionnaires choisissaient eux-mêmes leurs élèves avec l’agrément de la compagnie et les soumettaient à la sanction royale ; ces jeunes surnuméraires avaient d’ailleurs le privilège de figurer, dans une proportion déterminée, sur les listes de présentation pour les places d’associés[1].

L’Académie, ainsi renouvelée et agrandie, fut solennellement installée au Louvre dans un logement spacieux et confortable. Une nouvelle ère de travail commence alors pour elle. On a renoncé aux plans d’ensemble, à la culture collective, de la science. Chacun travaille comme il l’entend, choisit ses sujets de recherches ; mais une règle sévère astreint tout académicien à un labeur effectif ; sauf les membres honoraires, chacun doit fournir son tribut aux discussions et aux mémoires publiés par la compagnie. Des exclusions rigoureuses sont prononcées non-seulement contre les membres qui, sans excuse valable, restent trop longtemps absents, mais même contre ceux qui assistent aux séances sans y apporter leur part de travail. Ceux dont l’âge a diminué les forces obtiennent seuls, sur leur demande, le titre de vétéran qui les dispense d’une occupation régulière[2].

Sous l’empire de ces dispositions, le rôle et l’influence de l’Académie grandissent rapidement. Elle acquiert une notoriété considérable, et tout ce qui intéresse les sciences vient

  1. Le titre d’élève fut aboli en 1716 par une ordonnance du régent, et remplacé par celui d’adjoint.
  2. Le titre de vétéran fut accordé successivement à Saurin, à Jacques Cassini, à Maraldi, à Fontenelle, à Leymery, à Mairan, à La Condamine et à Grandjean de Fouchy.