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FONDATION DE L’ACADÉMIE.

stituée ne comprit d’abord que seize membres choisis par Colbert avec grand soin. Les plus célèbres de ces premiers académiciens furent Huyghens, Roberval, Picard, Auzout ; nous pouvons ajouter Claude Perrault, le frère de Charles, à la fois médecin et architecte, et qui devait bientôt s’immortaliser en fournissant les plans du nouveau Louvre.

Sous la protection éclairée de Colbert, les seize académiciens formaient une petite famille assidue au travail, aussi modeste que laborieuse, attentive à tout étudier et absorbée dans le désir de découvrir des vérités nouvelles. L’Académie se réunissait deux fois par semaine, le mercredi et le samedi ; les séances du mercredi étaient spécialement consacrées aux travaux mathématiques, celles du samedi aux expériences de chimie et d’histoire naturelle, que la langue du temps réunissait sous la désignation commune de physique. Tous les membres payaient largement de leur personne, tous les plans d’étude étaient mis en commun, et chacun s’ingéniait à combiner son action avec celle de ses collègues.

Ce n’est pas que les plans proposés fussent toujours heureux, ni que les expériences que l’on instituait fussent toujours fécondes. Il est certain que les méthodes alors suivies dans les études de chimie, d’histoire naturelle, nous paraissent maintenant bien stériles, et l’on est parfois porté à sourire en voyant retracées par le menu, dans les procès-verbaux de l’Académie, quelques-unes des recherches qui étaient alors gravement poursuivies dans le laboratoire de nos savants. Pourtant cet examen nous laisse au fond une impression sérieuse ; on se sent pris de sympathie pour les allures simples, pour la robuste foi de ce petit groupe d’hommes entièrement adonnés à la recherche de la vérité.

Les travaux d’Huyghens suffiraient seuls à jeter un éclat du-