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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

d’elle, elle croit toucher de toutes parts à l’infini. Que les savants viennent alors, au nom des plus incontestables découvertes, demander qu’on efface quelques-uns de ces décors ou qu’on supprime du moins quelques effets de perspective condamnés par le temps, elle les repousse comme des trouble-fête et les accuse d’abaisser la nature humaine.


Voilà les inconvénients que présente l’emploi exclusif de l’une ou de l’autre méthode ; mais ce n’est pas à dire qu’elles soient nécessairement ennemies. Elles doivent au contraire se prêter un mutuel appui et se soutenir l’une l’autre.

Ce rapprochement des deux méthodes se fait tant bien que mal à toutes les époques dans la pensée du genre humain.

Elle discerne plus ou moins habilement ce qu’il y a de légitime dans les prétentions de la science, ce qu’il y a d’ingénieux dans les solutions empiriques du sentiment, ce qu’il y a d’utile et de fécond de part et d’autre.

Quand ce travail se fait dans une seule intelligence, assez ferme, assez lucide, assez souple pour y suffire, on a le bon sens incarné, la raison faite homme, on a Voltaire.