Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

c’est qu’il est instruit assez exactement des caractères des races : ainsi il connaît bien par les relations de ses correspondants la race autochtone d’Amérique, dont beaucoup de naturalistes contestaient l’existence ; il sait que cette race existe depuis le Canada jusqu’en Patagonie, qu’elle se distingue par sa peau rouge, par la rareté de la barbe et des poils. Par d’autres récits, il connaît les albinos, ces petits nègres blancs, aux yeux de lapin, qui ont une soie fine et incolore sur la tête, et qui ne ressemblent à leurs compatriotes que par leur nez épaté. Il refuse de voir là avec Buffon une variété de la race nègre, et il persiste à en faire une espèce particulière. C’est ainsi qu’il a plu « à la Providence de faire des hommes à membrane noire, de mettre des têtes à laine dans des climats tempérés, de placer des blancs sous l’équateur, de bronzer les corps aux Grandes-Indes et au Brésil, de donner aux Chinois d’autres figures qu’à nous, de mettre des Lapons tout auprès des Suédois… Il eût été bien triste qu’il y eût tant d’espèces de singes et une seule d’hommes. »

Au surplus, nous ne pouvons pas demander à Voltaire des connaissances bien étendues sur une matière dont les premiers principes sont à peine posés aujourd’hui. Nous en dirons autant de ce qui touche à la physiologie cérébrale et à la théorie du système nerveux.

La distinction des nerfs moteurs et des nerfs sensitifs n’était point encore établie ; à plus forte raison ne savait-on rien de précis sur les fonctions des centres nerveux. Cependant la plupart des médecins se préoccupaient du rôle des nerfs et indiquaient de plus en plus nettement qu’il y fallait chercher des lumières sur l’action réciproque du physique et du moral.

Voltaire n’était pas homme à se laisser entraîner par des hy-