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LA GÉNÉRATION D’APRÈS BUFFON.

lui reprochait vivement d’avoir abusé les esprits en donnant des fantaisies pour des faits. Voltaire, en cette circonstance, défendait les véritables principes de la recherche scientifique ; il rappelait un savant à la rigueur de la méthode d’observation.

Il est donc bien entendu que nous livrons Buffon pieds et poings liés à son adversaire. Mais, notre conscience ainsi rassurée par cet acte de justice, nous pouvons peut-être plaider pour l’historien de la nature les circonstances atténuantes. Si l’on veut montrer pour lui quelque indulgence, on sera amené à reconnaître un certain degré de parenté entre sa théorie et celle qui prévaut de nos jours.

Demandez en effet à un de nos physiologistes comment les choses se passent, et, en écoutant sa réponse, vous aurez çà et là comme un ressouvenir des conceptions utopiques de Buffon.

Le physiologiste que vous consulterez vous dira que tout se fait par des cellules. Ces cellules ne sont point les molécules organiques de Buffon ; car celles-ci devaient être incorruptibles, inaltérables, tandis que les cellules ont une vie évolutive, naissent et meurent. C’est là une différence fondamentale ; mais enfin ces cellules, par elles-mêmes ou par leurs dérivés, forment tout le corps des animaux. Dans la génération interviennent des cellules issues de la femelle et des cellules issues du mâle : il y a des ovules mâles et des ovules femelles. L’évolution des uns et des autres paraît suivre à peu près la même marche. Les uns et les autres ont une enveloppe et une matière intérieure ou vitellus qui mûrit en prenant une apparence granuleuse. L’ovule mâle se partage en un certain nombre de spermatozoïdes qui sont des cellules embryonnaires mâles. Ce sont ces spermatozoïdes qui traversent l’enveloppe de l’ovule femelle, et qui viennent le féconder en s’accolant