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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

Autour de ce centre viendront s’attacher indifféremment et indistinctement les autres molécules, soit celles du mâle, soit celles de la femelle ; « ce qui formera un être organisé qui ressemblera parfaitement par les parties sexuelles à son père si c’est un mâle, et à sa mère si c’est une femelle, mais qui pourra ressembler à l’un ou à l’autre ou à tous les deux par toutes les autres parties du corps. » Ce mécanisme explique comment on voit tous les jours des enfants avoir, par exemple, les yeux de leur père et le front ou la bouche de leur mère, ou d’autres combinaisons analogues.

Que deviennent cependant celles des molécules qui sont en double et qui n’entrent point dans l’embryon ?

Buffon ne les abandonne pas ; il les emploie à la formation du placenta et des enveloppes embryonnaires. « Si le fœtus est mâle, alors il reste, pour former le placenta et les enveloppes, toutes les molécules organiques des parties du sexe féminin qui n’ont pas été employées, et aussi toutes celles de l’un ou l’autre des individus qui ne sont pas entrées dans la composition du fœtus, où il n’en peut entrer que la moitié ; et de même, si le fœtus est femelle, il reste pour le placenta toutes les molécules organiques des parties du sexe masculin et celles des autres parties du corps tant du mâle que de la femelle qui n’ont point concouru à former le fœtus. »

Nous indiquons seulement par quelques traits principaux le système qu’avait construit Buffon ; mais il avait donné à cette théorie des développements énormes, et il y trouvait l’explication d’un nombre considérable de phénomènes. Certes, Voltaire était dans son droit quand il accusait l’auteur de l’Histoire naturelle de n’avoir fait qu’un roman ingénieux, quand il