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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

fait des anguilles avec de la farine de blé ergoté et avec du jus de mouton bouilli au feu, mais même que ces anguilles en avaient produit d’autres, et que, dans plusieurs de ses expériences, les végétaux s’étaient changés en animaux. Needham, aussi étrange raisonneur que mauvais chimiste, ne tira pas de cette prétendue expérience les conséquences naturelles qui se présentent. Ses supérieurs ne l’eussent pas souffert. Il était en France déguisé en homme et attaché à un archevêque ; personne ne savait qu’il fût jésuite. » De fait, Needham n’était point jésuite, ni même Irlandais ; ce sont là des plaisanteries de Voltaire. « Si du persil se change en animal ; si de la colle de farine, du jus de mouton bien bouilli et bien bouché, dans un vase de verre inaccessible à l’action de l’air produisent des anguilles qui deviennent bientôt mères, voilà toute la nature bouleversée… Il est triste que l’académicien qui se laissa tromper par un charlatan ignorant se soit hâté de substituer à l’évidence des germes les molécules organiques. Il forma un univers. La plupart des philosophes, à l’exemple du chimérique Descartes, ont voulu ressembler à Dieu et faire un monde avec la parole. »

On vient de voir que la doctrine de Needham, celle que nous appelons aujourd’hui l’hétérogénie, se présentait alors sous couleur d’orthodoxie religieuse ; cela n’est peut-être pas indifférent à noter, car, bien que la religion dût être désintéressée dans cette affaire, nous pouvons remarquer que, par un singulier retour des choses d’ici-bas, les faveurs de l’orthodoxie sont maintenant acquises à la doctrine contraire.

Quoi qu’il en soit, Needham et ses partisans arguaient de ce que dit saint Paul à propos de la résurrection des morts dans sa première épître aux Corinthiens : « Mais, dira quelqu’un, comment les morts ressusciteront-ils ? Insensés ! ne voyez-vous