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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

avec l’aide du microscope, il y avait vu apparaître des légions d’êtres variés, des végétaux ou des animaux de toute sorte. Ses expériences avaient acquis rapidement une grande notoriété dans toute l’Europe, et une école de naturalistes y prétendait trouver des lumières certaines sur les origines mêmes de la vie : ces moisissures végétales, ces animalcules de Needham, naissaient sans germes, sans parents, et l’on voyait là des êtres vivants se créer de toutes pièces au moyen de simples débris organiques.

Needham avait du moins apporté des faits bien observés et circonscrit le domaine de la discussion en le réduisant aux animaux infusoires, car avant lui l’imagination se donnait pleine carrière, et l’on croyait voir naître spontanément des animaux que leur structure et leur taille placent à un degré fort élevé dans l’échelle des êtres ; on en était à peu près aux abeilles d’Aristée naissant des entrailles d’un taureau putréfié. Van Helmont, dont la parole avait une grande autorité au xviie siècle, écrivait : « L’eau de fontaine la plus pure, mise dans un vase imprégné de l’odeur des ferments, se moisit et engendre des vers. Les odeurs qui s’élèvent du fond des marais produisent des grenouilles, des sangsues, des herbes. Creusez un trou dans une brique, mettez-y de l’herbe de basilic pilée, appliquez une seconde brique sur la première, de façon que le trou soit parfaitement couvert ; exposez les deux briques au soleil, et au bout de quelques jours l’odeur du basilic, agissant comme ferment, changera l’herbe en véritable scorpion. » C’est encore van Helmont qui fait naître des souris dans des paquets de linge sale. D’autres allaient jusqu’à donner des procédés pour faire produire des grenouilles au limon des marais ou des anguilles à l’eau des rivières.

C’était donc un grand progrès que de limiter les faits,