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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

des flots, les anciennes se réuniront aux continents par la retraite des mers qui les en séparent ; notre globe se desséchera ainsi graduellement, et finira par n’être plus qu’une masse aride.

Que seront devenues alors toutes les eaux ? Absorbées par le noyau terrestre, elles auront changé de nature, et toute fluidité aura disparu de la terre.

Vers la même époque, Buffon donnait sa théorie, qui empruntait une valeur toute spéciale à l’autorité d’un nom justement célèbre dans le monde des sciences.

Buffon, considérant que les six planètes connues de son temps tournaient dans le même sens et dans des orbites peu inclinées l’une sur l’autre, eut l’idée de rapporter à une cause unique l’origine de leurs mouvements. Il supposa qu’une comète, tombant sur le soleil et le heurtant obliquement, en détacha une masse assez considérable, — la 650e partie de la masse totale, — qui se divisa en éclats de façon à former les planètes et leurs satellites. Dans cette division, les parties les plus légères s’éloignèrent le plus du soleil : c’est ainsi que Saturne est moins dense que Jupiter, et ainsi de suite pour Mars, la Terre, Vénus et Mercure.

Le globe terrestre, d’abord incandescent, fut longtemps avant de permettre à la vapeur d’eau contenue dans son atmosphère de se déposer à l’état liquide. Les pôles de la sphère se refroidirent les premiers ; l’eau y tomba en pluies abondantes et se réunit en vastes mers. Il se forma de même sur les sommets un peu élevés des lacs ou grandes mares, qui se sont depuis écoulés sur les terres basses. D’un côté, les mers polaires envahirent une grande portion du globe à mesure que le refroidissement général le permit, et, de l’autre, les bassins des