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TELLIAMED.

accumulées entre le noyau et l’écorce de la terre ont été agitées de mouvements violents ; brisant la couche superficielle, elles sont venues se répandre sur la surface terrestre et mêler à la pluie du ciel les sources du grand abîme.

Voilà la création et le déluge ; mais que faire ensuite de ces eaux répandues sur la surface de la terre ?

Quand l’astre vagabond qui avait rencontré notre globe se fut éloigné dans l’espace, le grand abîme les recueillit peu à peu, et non-seulement il résorba celles qu’il avait vomies, mais, comme la croûte terrestre avait subi une distension, il put contenir encore la plus grande partie des eaux abandonnées par la comète.

La France, avons-nous dit, avait ses systèmes comme l’Angleterre, et d’abord celui auquel de Maillet avait donné son nom.

Benoît de Maillet avait été longtemps consul et agent français dans les États du Levant : c’était un voyageur, ce n’était pas un savant. Sa théorie de la terre eut cependant une grande célébrité ; il l’avait publiée sous le pseudonyme de Telliamed, qui était l’anagramme de son nom[1].

Telliamed, ou le philosophe indien, admettait que notre globe a été d’abord entièrement recouvert par les eaux, et que la mer immense a formé dans son sein les montagnes. Peu à peu les eaux ont commencé à se retirer et à laisser paraître les sommets de quelques éminences ; la mer baissant toujours, la surface entière de nos continents s’est enfin trouvée à sec. La même action doit continuer : de nouvelles îles sortiront du sein

  1. Telliamed, ou Entretiens d’un philosophe indien et d’un missionnaire français. Amsterdam, 1748.