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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

nant de sa verve intarissable, s’élevant contre toutes les erreurs et toutes les oppressions, défendant et répandant toutes les vérités utiles. Il recevait de loin les hommages des rois, des savants, des lettrés, et sa voix se faisait entendre partout où la raison avait besoin de soutien. L’ermite de Ferney, le patriarche des Alpes, tout en paraissant retiré du monde, régnait, à vrai dire, sur l’opinion. Il était comme le souverain de l’empire des lettres. Sa renommée, son influence, servies par son incessante activité, allaient sans cesse en grandissant, et, quand il quitta ses montagnes en 1778 pour venir mourir à Paris, il put jouir à ses derniers moments d’une sorte d’apothéose.

Ce n’est point ici le lieu de rappeler les innombrables écrits de toute espèce qui sont sortis de la plume de Voltaire pendant sa longue retraite à Ferney, les tragédies de l’Orphelin de la Chine, de Tancrède, d’Irène, les poèmes de La loi naturelle, de la Destruction de Lisbonne, de la Guerre de Genève ; les contes et les romans philosophiques, comme Candide, L’homme aux quarante écus, etc. ; l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, le Siècle de Louis XIV, le Dictionnaire philosophique, les articles donnés à l’Encyclopédie ; sans compter les éditions de ses ouvrages antérieurs incessamment remaniés ; sans compter tant d’œuvres satiriques et polémiques par lesquelles il se défendait contre ses ennemis et les attaquait au besoin ; sans compter tant de mémoires rédigés pour la défense des Calas, des Sirven, des la Barre, des Lally-Tollendal, des paysans de Saint-Claude ; sans compter enfin cette inépuisable et immortelle correspondance, qui est à elle seule un des monuments de la langue française et une des gaietés de l’esprit humain. Dans sa laborieuse solitude, attentif à tout ce qui se produisait de nouveau en tous lieux et en tous genres, il connut et jugea les