Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —
nontateronons qui me venoient souuent voir, pour tirer quelque chose de moy : car entre les Nations Sauuages celle-cy est l’vne des plus subtiles de toutes, en faict de tromperie et de vol.

Mon Saunage, qui me tenoit en qualité de frere, me donna aduis d’appeller sa mere Sendoué, c’est à dire, ma mere, puis luy et ses freres Ataquen, mon frere, et le reste de ses parents en suite, selon les degrez de consanguinité, et eux de mesme m’appeloient leur parent. La bonne femme disoit Ayein, mon fils, et les autres Ataquon, mon frere, Earassé, mon cousin, Hiu85||oittan, mon nepveu, Houatinoron, mon oncle, Aystan, mon pere : selon l’aage des personnes i’estois ainsi appellé oncle ou nepueu, etc., et des autres qui ne me tenoient en qualité de parent, Yatoro, mon compagnon, mon camarade, et de ceux qui m’estimoient dauantage, Garihouanne, grand Capitaine. Voylà comme ce peuple n’est pas tant dans la rudesse et la rusticité qu’on l’estime.

Le festin qui nous fut faict à nostre arriuée, fut de bled d’Inde pilé, qu’ils appellent Ottet, auec vn petit morceau de poisson boucané à chacun, cuit en l’eau, car c’est toute la saulce du pays, et mes Fezolles me servirent pour le lendemain : dés lors ie trouuay bonne la Sagamité qui estoit faicte dans nostre Cabane, pour estre assez nettement accommodée, ie n’en pouuois seulement manger lorsqu’il y auoit du poisson puant demincé parmy, ou d’autres petits, qu’ils appellent Auhaitsique, ni aussi de Leindohy, qui est vn bled qu’ils font pourrir dans les fanges et eauës croupies et marescageuses, trois ou quatre mois durant, duquel ils font neantmoins grand estat :