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chemin des Echos admirables, qui repetent et sonnent tellement les paroles, et si distinctement, qu’ils n’en obmettent vne seule syllabe, et diriez proprement que ce soient personnes qui contrefont ou repetent ce que vous dites et chantez.

Nous passasmes apres, ioignans l’Isle aux Coudres, laquelle peut contenir enuiron vne lieuë et demie de long, elle est quelque peu vnie, venant en diminuant par les deux bouts, assez agreable, à cause des bois qui l’enuironnent, distante de la terre du Nord d’enuiron demye lieuë. De l’Isle aux Coudres, costoyans la terre, nous fusmes au Cap de Tourmente, distant de Kebec sept ou huict lieuës : Il est ainsi nommé, d’autant que pour peu qu’il fasse de vent la mer s’y esleue comme si elle estoit pleine, en ce lieu l’eau commence à estre douce, et les Hyuernaux de Kebec y vont prendre et amasser le foin en ces grandes prairies (en la saison) pour le bestail de l’habitation. De là nous fusmes à l’Isle d’Orleans, où il y a deux lieuës, en laquelle du costé du Su, y a nombre d’Isles qui sont basses, couuertes d’arbres, et fort agreables, remplies 53|| de grandes prairies et force gibier, contenans les vnes enuiron deux lieuës, et les autres vn peu plus ou moins. Autour d’icelles y a force rochers et basses, fort dangereuses à passer, qui sont esloignées enuiron de deux lieuës de la grand’terre du Su. Ce lieu est le commencement du beau et bon pays de la grande riuiere. Au bout de l’Isle il y a vn saut ou torrent d’eau, appellé de Montmorency, du costé du Nord, qui tombe dans la grand’riuiere, auec grand bruit et impetuosité. Il vient d’vn lac qui est quelques dix ou douze lieues dans les terres, et descend de dessus