À deux ou trois cens lieues de mer, vn pirate ou forban nous vint recognoistre, et par mocquerie et menace nous dit qu’il I 4|| parleroit à nous apres souper, il ne luy fut rien respondu, mais parti d’aupres de nous on tendit le pont de corde, et chacun se tint sur ses armes pour rendre combat, au cas qu’il fust reuenu, comme il auoit dict : mais il ne retourna point à nous, ayant bien opinion qu’il n’y auoit que des coups à gaigner, et non aucune marchandise : toutesfois il fut encore trois ou quatre iours à voltiger et rôder à nostre veuë, cherchant à faire quelque prise et piraterie.
Il arriua vn accident dans nostre nauire, le premier iour du mois de May, qui nous affligea fort. C’est la coustume en ce mesme iour, que tous les matelots s’arment au matin, et en ordre font vne salue d’escoupeterie au Capitaine du vaisseau : vn bon garçon, peu vsité aux armes, par mesgard et imprudence,