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antées, il y en a en beaucoup de lieux, et par les bois et par les champs, desquelles neantmoins on faict assez peu d’estat : mais pour les Prunes, nommées Tonestes, qui se trouuent au pays de nos Hurons, elles ressemblent à nos Damas violets ou rouges, sinon qu’elles ne sont pas si bonnes de beaucoup ; car la couleur trompe, et sont aspres et rudes au329||goust, si elles n’ont senty de la gelée : c’est pourquoy les Sauuagesses, après les auoir soigneusement amassées, les enfoüyent en terre quelques sepmaines pour les adoucir, puis les en retirent, les essuyent et les mangent. Mais ie croy que si ces Prunes estoient antées, qu’elles perdroient cette acrimonie et rudesse, qui les rend des-agreables au goust, auparauant la gelée.

Il se trouue des Poires, ainsi appellees Poires, certains petits fruicts vn peu plus gros que des pois, de couleur noirastre et mols, tres-bons à manger à la cueillier comme Bluës, qui viennent sur des petits arbres, qui ont les feuilles semblables aux poiriers sauuages de deçà, mais leur fruict en est du tout different. Pour des Framboises, Meures champestres, Grozelles et autres semblables fruicts que nous cognoissons, il s’en trouue assez en des endroicts, comme semblablement des Vignes et Raisins, desquels on pourrait faire du fort bon vin au pays des Hurons, s’ils auoient l’inuention de les cultiuer et façonner ; mais faute de plus grande science, ils se contentent d’en manger le raisin et les fruicts.

330||Les racines que nous appelons Canadiennes, ou pommes de Canada, qu’eux appellent Orasquanita. sont assez peu communes dans le pays ; ils les man-