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entend de plus d’vn quart de lieuë loin le soir, en temps serain, sur le bord des lacs et riuieres, et sembleroit (à qui n’en auroit encore point veu) que ce fust d’ani-326||maux vingt fois plus gros : pour moy ie confesse ingenuëment que ie ne sçauois que penser au commencement, entendant de ces grosses voix, et m’imaginois que c’estoit de quelque Dragon, ou bien de quelqu’autre gros animal à nous incogneu. I’ay oüy dire à nos Religieux dans le pays, qu’ils ne feroient aucune difficulté d’en manger, en guise de Grenoüilles : mais pour moy ie doute si ie l’aurois voulu faire, n’estant pas encore bien asseuré de leur netteté.


Des fruicts, plantes, arbres et richesses du pays.

Chapitre IIII.


E n beaucoup d’endroicts, contrées, isles et pays, le long des riuieres et dans les bois, il y a si grande quantité de Bluës, que les Hurons appellent Ohentaqué, et autres petits fruicts, qu’ils appellent d’un nom general Hahique, que les Sau-327||uages en font seicherie pour l’hyuer, comme nous faisons des prunes seichées au soleil, et cela leur sert de confitures pour les malades, et pour donner goust à leur Sagamité, et aussi pour mettre dans les petits pains qu’ils font cuire sous les cendres. Nous en mangeasmes en quantité sur les che-