Chapitre III.
iev, qui a peuplé la terre de diuerses especes
d’Animaux, tant pour le seruice de
l’homme, que pour la decoration et embellissement
de cet Vniuers, a aussi peuplé
la mer et les riuieres d’autant ou plus de diuersité
de poissons, qui tous subsistent dans leurs propres
especes ; bien que tous les iours l’homme en tire vne
partie de sa nourriture, et les poissons gloutons qui
font la guerre aux autres dans le profond des abysmes,
en engloutissent et315||mangent à l’infiny ; ce sont les
merueilles de Dieu.
On sçait par experience, que les poissons marins se delectent aux eaux douces, aussi bien qu’en la mer, puis que par-fois on en pesche dans nos riuieres. Mais ce qui est admirable en tout poisson, soit marin, ou d’eau douce, est qu’ils cognoissent le temps et les lieux qui leur sont commodes : et ainsi nos pescheurs de Moluës iugerent à trois iours près, le temps qu’elles deuoient arriuer, et ne furent point trompez, et en suite les Maquereaux qui vont en corps d’armée, serrez les vns contre les autres, le petit bout du museau à fleur d’eau, pour descouurir les embusches des pescheurs. Cela est admirable, mais bien plus encore de ce qu’ils viuent et se resiouyssent dans la mer salée, et neantmoins s’y nourrissent d’eau douce, qui y est entre-meslée, que par une maniere admirable ils scauent discerner et succer auec la bouche