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est d’assez petite consequence, ie me contente d’admirer et louer Dieu, qu’en toute contrée il y a quelque chose de particulier qui ne se trouue point en d’autres.

Il y a encore quantité d’Aigles, qu’ils appellent en leur langue Sondaqua ; elles font leurs nids ordinairement sur le bord des eauës, ou de quelque precipice, tout au coupeau des plus hauts arbres ou rochers : desorte qu’elles sont fort difficiles à auoir et à desnicher : nous en desnichasmes neantmoins plusieurs nids, mais nous n’y trouvasmes en aucun plus d’vn ou deux Aiglons : i’en pensois nourrir quelques-vns lors que nous estions sur le chemin des Hurons à Kebec : mais tant pour estre trop lourds à porter, que pour ne pouuoir fournir au poisson qu’il leur falloit (n’ayant autre chose à leur donner) nous en fismes chaudiere, et les trouuasmes tres-bons : car ils estoient encores ieunes et tendres. Mes Sauuages me vouloient aussi desnicher des oyseaux de proye, qu’ils appellent Ahoüatantaque, d’vn nid qui estoit sur vn grand arbre assez proche301||de la riuiere, desquels ils faisoient grand estat, mais ie les en remerciay, et ne voulus point qu’ils en prissent la peine ; neantmoins ie m’en suis repenty du depuis, car il pouuoit estre que ce fussent Vautours. En quelque contrée, et particulierement du costé des Petuneux, il y a des Coqs et poulles d’Inde, qu’ils appellent Ondettontaque, elles ne sont point domestiques, ains errantes et champestres. Le gendre du grand Capitaine de nostre bourg en poursuyuit vne fort long temps proche de nostre Cabane, mais il ne la peut attraper : car bien que ces poulles d’Inde soient lourdes et massiues, elles volent et se