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ment que faire se pourra, afin qu’vn si grand mal ne demeure point impuny, et qu’vne autre fois on n’aye point la hardiesse de leur courir sus.

Les Attiuoindarons font des Resurrections des morts, principalement des personnes qui ont bien merité de la patrie par leurs signalez seruices, à ce que la memoire des hommes illustres et valeureux reuiue en quelque façon en autrüy. Ils font donc des assemblées à cet effect, et tiennent des conseils, ausquels ils en eslisent vn d’entr’eux, qui aye les mesmes vertus et qualitez (s’il se peut) de celuy qu’ils veulent ressusciter, ou du moins qu’il soit d’vne vie irreprochable parmy vn peuple Sauuage.

Voulans donc proceder à la Resurrection, ils se leuent tous debout, excepté celuy qui doit ressusciter, auquel ils im-290||posent le nom du deffunct, et baissans tous la main iusques bien bas, feignent le relever de terre : voulans dire par là qu’ils tirent du tombeau ce grand personnage deffunct, et le remettent en vie en la personne de cet autre qui se leue debout, et (apres les grandes acclamations du peuple) il reçoit les presens que les assistans luy offrent, lesquels le congratulent encore de plusieurs festins, et le tiennent désormais pour le deffunct qu’il represente ; et par ainsi iamais la mémoire des gens de bien et des bons et valeureux Capitaines ne meurt point entr’eux.