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Des deffuncts, et comme ils pleurent et enseuelissent les morts.

Chapitre XXI.


L mesme temps que quelqu’vn est decedé, l’on enueloppe son corps vn peu retressi, dans sa plus belle robe, puis on le pose sur la natte où il est mort, tousiours accompagné de quelqu’vn, iusques à l’heure qu’il est porté aux chasses. Cependant tous ses parens et amis, tant du lieu que des autres bourgs et villages, sont aduertis de cette mort, et priez de se trouuer au conuoy. Le Capitaine de la Police de son costé, faict ce qui est de sa charge : car incontinent qu’il est aduerty de ce trespas, luy, ou son Assesseur pour luy, en faict le cry par tout le bourg, et prie vn chacun disant : Prenez tous courage, Etsagon, Etsagon, et faictes tous festin au mieux qu’il vous sera possible, pour vn283||tel ou vne telle qui est decedée. Alors chacun en particulier s’employe à faire vn festin le plus excellent qu’il peut, et de ce qu’ils peuuent, puis ils le departent et l’enuoyent à tous leurs parens et amis, sans en rien reseruer pour eux, et ce festin est appellé Agochin atiskein, le festin des âmes. Il y a des Nations lesquelles faisans de ces festins, font aussi vne part au deffunct, qu’ils iettent dans le feu ; mais ie ne me suis point informé de nos Hurons s’ils en font aussi vne au mort, et ce qu’elle deuient, d’autant que cela est de peu d’importance : nous pouuons assez bien cognoistre et coniecturer, par ce que ie viens de dire,