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rée et malade, auec de grands vomissemens qui la tourmentaient : estonné et marry de la voir en cet estat, ie m’informay de la cause de son mal, et de ses pleurs, l’on me dist que c’estoit le mal que ie luy auois predit, et qu’elle estoit sur le poinct de se faire reconduire à la Nation du Petun, d’où elle estoit, pour ne point mourir hors de son pays : ie la consolay alors, et luy dis qu’elle n’eust plus de peur, et qu’elle ne mourroit point pour ce coup, 250|| ny n’en seroit pas d’auantage malade, puis que ce cachet auoit esté retrouué ; mais qu’elle aduisast vne autre fois de n’estre plus meschante, et de ne plus desrober, puis que cela desplaisoit au bon Iesvs ; et alors elle me demanda derechef si elle n’en mourroit point, et apres que ie l’en eus asseurée, elle resta entierement guerie et consolée, et ne parla plus de s’en retourner en son pays, comme elle faisoit auparauant, et vescut plus sagement à l’aduenir.

Comme ils estimoient que les plus grands Capitaines de France estoient doüez d’vn plus grand esprit, et qu’ayans vn si grand esprit, eux seuls pouuoient faire les choses les plus difficiles : comme haches, cousteaux, chaudieres, etc., ils inferoient de là, que le Roy (comme le plus grand Capitaine et le chef de tous) faisoit les plus grandes chaudieres, et nous tenans en cette qualité de Capitaines, ils nous en presentoient quelques-fois à r’accommoder, et nous supplioient aussi de faire pencher en bas les oreilles droictes de leurs chiens, et de les rendre comme celles de ceux de France qu’ils auoient veus à Kebec : mais ils se mesprenoient, et 251|| nous supplioient en vain, comme de nous estre impor-