Chapitre XVIII.
iceron a dict, parlant de la nature des
Dieux, qu’il n’y a gent si sauuage, si brutale
ny si barbare, qui ne soit imbuë de
quelque opinion d’iceux. Or comme il y a
diuerses Nations et Prouinces barbares, aussi y a-il
diuersité d’opinions et de croyance, pour ce que chacune
se forge vn Dieu à sa poste. Ceux qui habitent
vers Miskou et le port Royal, croyent en vn certain
esprit, qu’ils appellent Cudoùagni, et disent qu’il parle
souuent à eux, et leur dict le temps qu’il doit faire.
Ils disent que quand il se courrouce contr’eux, il leur
iette de la terre aux yeux. Ils croyent aussi quand ils
trespassent, qu’ils vont és Estoilles, puis vont en de
beaux champs verts, pleins 226|| de beaux arbres, fleurs
et fruicts tres-somptueux.
Les Souriquois (à ce que i’ay appris) croyent veritablement qu’il y a vn Dieu qui a tout creé, et disent qu’apres qu’il eut faict toutes choses, qu’il prit quantité de flesches, et les mit en terre, d’où sortirent hommes et femmes, qui ont muliplié au monde jusqu’à present. En suitte de quoy, vn François demanda à vn Sagamo, s’il ne croyoit point qu’il y eust vn autre qu’vn seul Dieu : il respondit, que leur croyance estoit, qu’il y auoit vn seul Dieu, vn Fils, vne Mere, et le Soleil, qui estoient quatre ; neant-