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truction et bon exemple de ce peuple, ||178 estoient ceux-là mesme qui alloient destruisans et empeschans le bien que nous establissions au salut de ces peuples, et à l’aduancement de la gloire de Dieu. Il y en auoit neantmoins quelques-vns de bons, honnestes et bien viuans, desquels nous estions fort contens et bien edifiez ; comme au contraire nous estions scandalisez de ces autres brutaux, athées et charnels, qui empeschoient la conuersion et amendement de ce pauure peuple.

L’vn de nos François ayant esté à la traicte en vne Nation du costé du Nord, tirant à la mine de Cuiure, enuiron cent lieues de nous : il nous dit à son retour y auoir veu plusieurs filles, ausquelles on auoit couppé le bout du nés, selon la coustume de leur pays (bien opposite et contraire à celle de nos Hurons) pour auoir fait bresche à leur honneur, et nous asseura aussi qu’il auoit veu ces Sauuages faire quelque forme de priere, auant que prendre leur repas : ce qui donna au Pere Nicolas et à moy vne grande enuie d’y aller, si la nécessité ne nous eust contraincts de retourner en la Prouince de Canada, et de là en France.