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que nous leur conseillasmes, qui estoit de se pardonner l’vn l’autre, et de continuer à faire bon mesnage à l’aduenir, ce qu’ils firent.

Vne des grandes et plus fascheuses importunitez qu’ils nous donnoient au commencement de nostre arriuée en leur pays, estoit leur continuelle poursuite et prieres de nous marier, ou du moins de nous allier auec eux, et ne pouuoient comprendre nostre maniere de vie Religieuse : à la fin ils trouuerent nos raisons bonnes, et ne nous en importunerent plus, approuuans que ne fissions rien contre la volonté de nostre bon Pere Iesvs ; et en ces poursuites les femmes et filles estaient, ||167 sans comparaison, pires et plus importunes que les hommes mesmes, qui venoient nous prier pour elles.


De la naissance, nourriture et amour que les Sauuages
ont enuers leurs enfans.

Chapitre XII.


N onobstant que les femmes se donnent carriere auec d’autres qu’auec leurs marys, et les marys auec d’autres qu’auec leurs femmes, si est-ce qu’ils ayment tous grandement leurs enfans, gardans cette Loy que la Nature a entée és cœurs de tous les animaux, d’en auoir le soin. Or ce qui faict qu’ils ayment leurs enfans plus qu’on ne faict par deçà (quoy que vitieux et sans