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nonascaran, comme le pere de la fille mesme s’en plaignoit à nous, voyant l’obstination de sa fille à ne vouloir passer outre à la derniere ceremonie du mariage, pour n’auoir ce seruiteur agreable.

Les parties estans d’accord, et le consentement des pere et mere estant donné, on procede à la seconde ceremonie du mariage en cette maniere. On dresse vn festin de chien, d’ours, d’eslan, de poisson ou d’autres viandes qui leur sont accommodées, auquel tous les parens et amis des accordez sont inuitez. Tout le monde estant assemblé, et chacun en son rang assis sur son seant, tout à l’entour de la Cabane ; Le pere de la fille, ou le maistre de la ceremonie, à ce deputé, dict et prononce hautement et intelligiblement deuant toute l’assemblee, comme tels et tels se marient ensemble, et qu’à cette occasion a esté faicte cette assemblée et ce festin d’ours, de chien, de poisson, etc., pour la resiouyssance d’vn chacun, et la perfection d’vn si digne ouurage. Le tout estant approuué, et la chaudiere nette, chacun se ||163 retire, puis toutes les femmes et filles portent à la nouuelle mariée, chacune vn fardeau de bois pour sa prouision, si elle est en saison qu’elle ne le peust faire commodement elle-mesme.

Or, il faut remarquer qu’ils gardent trois degrez de consanguinité, dans lesquels il n’ont point accoustumé de faire mariage : sçauoir est, du fils auec sa mere, du pere auec sa fille, du frere auec sa sœur, et du cousin auec sa cousine ; comme le recogneus appertement vn iour, que ie monstray vne fille à vn Sauuage, et luy demanday si c’estoit là sa femme ou sa concubine, il me respondit que non, et