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Plusieurs ieunes hommes au lieu de se marier, tiennent et ont souuent des filles à pot et à feu, qu’ils appellent non femmes Aténonha, par ce que la ceremonie du mariage n’en a point esté faicte ; ains Asqua, c’est à dire compagne, ou plustost concubine, et viuent ensemble pour autant longtemps qu’il leur plaist, sans que cela empesche le ieune homme ou la fille, d’aller uoir par-fois leurs autres amis ou amies 161|| librement, et sans crainte de reproche ny blasme, telle estant la coustume du pays.

Mais leur premiere ceremonie du mariage est ; Que quand vn ieune homme veut auoir vne fille en mariage, il faut qu’il la demande à ses pere et mere, sans le consentement desquels la fille n’est point à luy (bien que le plus souuent la fille ne prend point leur consentement et aduis, sinon les plus sages et mieux aduisées). Cet amoureux voulant faire l’amour à sa maistresse, et acquerir ses bonnes graces, se peinturera le visage, et s’accommodera des plus beaux Matachias qu’il pourra auoir, pour sembler plus beau, puis présentera à la fille quelque collier, brasselet ou oreillette de Pourcelaine : si la fille a ce seruiteur agreable, elle reçoit ce present, cela faict, cet amoureux viendra coucher auec elle trois ou quatre nuicts, et iusques là il n’y a encore point de mariage parfait, ny de promesse donnée, pource qu’apres ce dormir il arriue assez souuent que l’amitié ne continue point, et que la fille, qui pour obeyr à son pere, a souffert ce passe-droit, n’affectionne pas pour cela ce seruiteur, et faut par apres qu’il se retire sans passer ou-162||tre, comme il arriua de nostre temps à vn Sauuage, enuers la seconde fille du grand Capitaine de Quieu-