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urent les yeux de leur esprit pour voir le compte tres-estroict qu’ils en rendront un iour deuant Dieu.


De leur mariage et concubinage.

Chapitre XI.


N ovs lisons, que Cesar loüait grandement les Allemans, d’auoir eu en leur ancienne vie sauuage telle continence, qu’ils reputoient chose tres-vilaine à vn ieune homme, d’auoir la compagnie d’vne femme ou fille auant l’aage de vingt ans. Au contraire des garçons et ieunes hommes de ||160 Canada, et particulierement du pays de nos Hurons, lesquels ont licence de s’adonner au mal si tost qu’ils peuuent, et les ieunes filles de se prostituer si tost qu’elles en sont capables, voir mesme les peres et meres sont souuent maquereaux de leurs propres filles : bien que ie puisse dire auec verité, n’y auoir iamais veu donner un seul baiser, ou faire aucun geste ou regard impudique : et pour cette raison i’ose affirmer qu’ils sont moins suiets à ce vice que par deçà, dont on peut attribuer la cause, partie à leur nudité, et principalement de la teste, partie au defaut des espiceries, du vin, et partie à l’vsage ordinaire qu’ils ont du petun, la fumée duquel estourdit les sens, et monte au cerueau.