Page:Sagard - Le Grand voyage du pays des Hurons (Avec un dictionnaire de la langue huronne), Librairie Tross, 1865.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —
133|| Comme ils defrichent, sement et cultiuent les terres, et apres comme ils accommodent le bled et les farines, et de la façon d’apprester leur manger.

Chapitre VIII.


L evr coustume est, que chaque mesnage vit de ce qu’il pesche, chasse et seme, ayans autant de terre comme il leur est necessaire : car toutes les forests, prairies et terres non defrischées sont en commun, et est permis à vn chacun d’en defrischer et ensemencer autant qu’il veut, qu’il peut, et qu’il luy est necessaire ; et cette terre ainsi defrichée demeure à la personne autant d’années qu’il continue de la cultiuer et s’en seruir, et estant entierement abandonnée du maistre, s’en sert par apres qui veut, et non autrement. Ils les défrichent auec grand peine, pour n’auoir des instrumens propres : ils coupent les arbres à la hauteur de deux ou trois pieds de terre, puis ils es-134||mondent toutes les branches, qu’ils font brusler au pied d’iceux arbres pour les faire mourir, et par succession de temps en ostent les racines ; puis les femmes nettoyent bien la terre entre les arbres, et beschent de pas en pas vne place ou fossé en rond, où ils sement à chacune 9. ou 10. grains de Maiz, qu’ils ont premierement choisy, trié et fait tremper quelques iours en l’eau, et continuent ainsi, iusques à ce qu’ils en ayent pour deux ou trois ans de prouision ; soit pour la crainte qu’il ne leur succede quel-