Chapitre VIII.
evr coustume est, que chaque mesnage
vit de ce qu’il pesche, chasse et seme,
ayans autant de terre comme il leur est
necessaire : car toutes les forests, prairies
et terres non defrischées sont en commun, et est permis
à vn chacun d’en defrischer et ensemencer autant
qu’il veut, qu’il peut, et qu’il luy est necessaire ;
et cette terre ainsi defrichée demeure à la personne
autant d’années qu’il continue de la cultiuer
et s’en seruir, et estant entierement abandonnée du
maistre, s’en sert par apres qui veut, et non autrement.
Ils les défrichent auec grand peine, pour n’auoir
des instrumens propres : ils coupent les arbres
à la hauteur de deux ou trois pieds de terre, puis ils es-134||mondent toutes les branches, qu’ils font brusler
au pied d’iceux arbres pour les faire mourir, et par
succession de temps en ostent les racines ; puis les
femmes nettoyent bien la terre entre les arbres, et
beschent de pas en pas vne place ou fossé en rond,
où ils sement à chacune 9. ou 10. grains de Maiz,
qu’ils ont premierement choisy, trié et fait tremper
quelques iours en l’eau, et continuent ainsi, iusques à
ce qu’ils en ayent pour deux ou trois ans de prouision ;
soit pour la crainte qu’il ne leur succede quel-