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113|| Du pays des Hurons, et de leurs villes, villages et cabanes.

Chapitre VI.


M ais, pour parler en general du pays des Hurons, de sa situation, des mœurs de ses habitants, et de leurs principales ceremonies et façons de faire, disons premierement, qu’il est situé sous la hauteur de quarante-quatre degrez et demy de latitude, et deux cens trente lieues de longitude à l’Occident, et dix de latitude ; pays fort deserté, beau et agreable, et trauersé de ruisseaux qui se desgorgent dedans le grand lac. On n’y voit point vne face hydeuse de grands rochers et montagnes steriles, comme on voit en beaucoup d’autres endroicts és contrées Canadiennes et Algoumequines.

Le pays est plein de belles collines, campagnes, et de tres-belles et grandes prairies, qui portent quantité de bon foin, ||114 qui ne sert qu’à y mettre le feu par plaisir, quand il est sec : et en plusieurs endroicts il y a quantité de froment sauuage, qui a l’espic comme seigle, et le grain comme de l’auoine : i’y fust trompé, pensant au commencement que i’en vis, que ce fussent champs qui eussent esté ensemencez de bon grain : ie fus de mesme trompé aux pois sauuages, où il y en a en diuers endroicts aussi espais, comme s’ils y auoient esté semez et cultiuez : et pour monstrer la bonté de la terre, vn Sauuage de Toënchen ayant planté vn peu de pois qu’il auoit appor-