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estoit ho, ho, ho, qui est vne salutation de ioye, et la seule voix ho, ho, ne se peut faire que ce ne soit quasi en riant, tesmoignans par là la ioye et le contentement qu’ils auoient de nous voir ; car leur autre salutation Quoye, qui est comme si on disoit : Qu’est-ce, que dites-vous ? se peut prendre en divers sens, aussi est-elle commune enuers les amys, comme enuers les ennemys, qui respondent en la mesme maniere Quoye, ou bien plus gracieusement Yatoro, qui est à dire, mon amy, mon compagnon, mon camarade, ou disent Attaquen, mon frère, et aux filles Eadsé, ma bonne amie, ma compagne, et quelquesfois aux vieillards Yaistan, mon père, Honratinoron, oncle, mon oncle, etc.

Ils nous demandoient aussi à petuner, et plus souuent pour espargner le petun qu’ils auoient dans leur sac ; car ils n’en sont iamais desgarnis : mais comme la foule y estoit souuent si grande, qu’à peine auions-nous place en nostre Cabane, nous 107|| ne pouuions pas leur en fournir à tous, et nous en excusions, en ce qu’eux-mesmes nous traictoient ce peu que nous en auions et cette raison les rendoit contens.

Vne grande invention du Diable, qui fait du singe par tout est que comme entre nous on saluë de quelque devote priere celui ou celle qui esternuë, eux au contraire, poussez de Satan, et d’vn esprit de vengeance, entendans esternuer quelqu’vn, leur salut ordinaire n’est que des imprecations, des iniures et la mort mesme qu’ils souhaitent et désirent aux Yroquois, et à tous leurs ennemys, dequoy nous les reprenions, mais il n’estoit pas encore entré en leur esprit que ce fust mal faict, d’autant que la vengeance leur est tellement coustumiere et ordinaire, qu’ils la