me présente… je veux au moins quelques
apprêts ; gardez-vous en bien, me dit le Marquis,
vous ôteriez la moitié des sensations
que Dolmancé attend de vous ; il veut qu’on
le pourfende… il veut qu’on le déchire ; il
sera satisfait, dis-je, en me plongeant aveuglément
dans le gouffre… et tu crois peut-être,
ma sœur, que j’eus beaucoup de peine…
pas un mot ; mon vit, tout énorme qu’il est,
disparut sans que je m’en doutasse, et je
touchais le fond de ses entrailles sans que le
bougre eût l’air de le sentir. Je traitai Dolmancé
en ami, l’excessive volupté qu’il goûtait,
ses frétillemens, ses propos délicieux,
tout me rendit bientôt heureux moi-même,
et je l’inondai. À peine fus-je dehors que Dolmancé
se retournant vers moi échévelé, rouge
comme une bacchante : tu vois l’état où tu
m’as mis cher Chevalier, me dit-il, en m’offrant
un vit sec et mutin, fort long, et d’au
moins six pouces de tour, daigne, je t’en
conjure, ô mon amour, me servir de femme
après avoir été mon amant, et que je puisse
dire que j’ai goûté dans tes bras divins tous
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