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sensibilité des organes, n’est connue que des êtres extrêmement délicats, et les excès où elle les porte ne sont que des rafinemens de leur délicatesse ; c’est cette délicatesse trop promptement émoussée à cause de son excessive finesse qui, pour se réveiller, met en usage toutes les ressources de la cruauté, qu’il est peu de gens qui conçoivent ces différences… Comme il en est peu qui les sentent, elles existent pourtant, elles sont indubitables ; or, c’est ce second genre de cruauté dont les femmes sont le plus souvent affectées. Étudiez-les bien, vous verrez si ce n est pas l’excès de leur sensibilité qui les a conduites là. Vous venez si ce n’est pas l’extrême activité de leur imagination, la force de leur esprit qui les rend scélérates et féroces ; aussi celles-là sont-elles toutes charmantes, aussi n’en est-il pas une seule de cette espèce qui ne fassent tourner des têtes quand elles l’entreprennent ; malheureusement la rigidité, ou plutôt l’absurdité de nos mœurs laisse peu d’aliment à leur cruauté ; elles sont obligées de se cacher, de dissimuler, de

  Tome I.
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