Tout cela se conçoit, je viens de le prouver.
Notre constitution, nos organes, le cours des
liqueurs, l’énergie des esprits animaux, voilà
les causes physiques qui font, dans la même
heure, ou des Titus ou des Néron, des Messaline,
ou des Chantal ; il ne faut pas plus s’enorgueillir
de la vertu, que se repentir du vice,
pas plus accuser la nature de nous avoir fait
naître bon, que de nous avoir créé scélérat ;
elle a agi d’après ses vues, ses plans et ses
besoins, soumettons-nous. Je n’examinerai
donc ici que la cruauté des femmes, toujours
bien plus actives chez elles que dans les
hommes, par la puissante raison de l’excessive
sensibilité de leurs organes. Nous distinguons
en général deux sortes de cruauté ; celle
qui naît de la stupidité, qui jamais raisonnée,
jamais analysée, assimile l’individu né
tel, à la bête feroce ; celle-là ne donne aucun
plaisir, parce que celui qui y est enclin n’est
susceptible d’aucune recherche, les brutalités
d’un tel être sont rarement dangereuses,
il est toujours facile de s’en mettre à l’abri ;
l’autre espèce de cruauté, fruit de l’extrême
Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/166
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 156 )
sensibilité