mariage, cette perfide liqueur dont la végétation
ne sert qu’à gâter nos tailles, qu’à
émousser dans nous les sensations voluptueuses,
nous flétrir, nous vieillir et déranger
notre santé ; engage ton mari à s’accoutumer
à ces pertes, offre lui toutes les routes
qui peuvent éloigner l’hommage du temple,
dis-lui que tu détestes les enfans, que tu le
supplie de ne point t’en faire. Observe-toi
sur cet article, ma bonne, car, je te le déclare,
j’ai la propagation dans une telle horreur,
que je cesserais d’être ton amie à l’instant
où tu deviendrais grosse ; si pourtant ce
malheur t’arrive, sans qu’il y ait de ta faute,
préviens-moi dans les sept ou huit premières
semaines et je te ferai couler cela tout doucement ;
ne crains point l’infanticide, ce crime
est imaginaire, nous sommes toujours les
maîtresses de ce que nous portons dans notre
sein, et nous ne faisons pas plus de mal à
détruire cette espèce de matière, qu’a purger
l’autre, par des médicamens, quand nous en
éprouvons le besoin.
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