de semblables propositions ; l’homme est-il
le maître de ses goûts ? Il faut plaindre ceux
qui en ont de singuliers, mais ne les insulter
jamais, leur tort est celui de la nature, ils
n’étaient pas plus les maîtres d’arriver au
monde avec des goûts différens, que nous ne
le sommes de naître ou bancal ou bienfait.
Un homme vous dit-il d’ailleurs une chose désagréable
en vous témoignant le desir qu’il a
de jouir de vous ? non sans doute, c’est un
compliment qu’il vous fait ; pourquoi donc
y répondre par des injures ou des insultes ?
Il n’y a que les sots qui puissent penser ainsi,
jamais un homme raisonnable ne parlera sur
cette matière différemment que je ne fais ;
mais c’est que le monde est peuplé de plats
imbéciles qui croyent que c’est leur manquer
que de leur avouer qu’on les trouve propres
à des plaisirs, et qui gâtés par les femmes,
toujours jalouses de ce qui a l’air d’attenter
à leurs droits, s’imaginent être les Doms
Quichottes de ces droits ordinaires, en brutalisant
ceux qui n’en reconnaissent pas toute
l’étendue.
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