dant, mes amis, n’admettez-vous pas au
moins qu’il existe de certaines actions absolument
révoltantes, et décidément criminelles,
quoique dictées par la nature ? je
veux bien convenir avec vous que cette nature,
aussi singulière dans les productions
qu’elle crée, que variée dans les penchans
qu’elle nous donne, nous porte quelquefois
à des actions cruelles ; mais si, livrées à cette
dépravation, nous cédions aux inspirations
de cette bisarre nature, au point d’attenter,
je le suppose, à la vie de nos semblables,
vous m’accorderez bien, au moins je l’espère,
que cette action serait un crime.
Il s’en faut bien, Eugénie, que nous puissions nous accorder une telle chose. La destruction étant une des premières loix de la nature, rien de ce qui détruit ne saurait être un crime. Comment une action qui sert aussi bien la nature pourrait-elle jamais l’outrager ? Cette destruction, dont l’homme se flatte, n’est d’ailleurs qu’une chimère ; le meurtre n’est