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nature ce qui n’est dicté que par l’intérêt ou par l’ambition ; sondons nos cœurs, c’est toujours là où je renvoye nos pédans moralistes ; interrogeons cet organe sacré, et nous reconnaîtrons qu’il n’est rien de plus délicat que l’union charnelle des familles ; cessons de nous aveugler sur les sentimens d’un frère pour sa sœur, d’un père pour sa fille. En vain l’un et l’autre les déguisent-ils sous le voile d’une légitime tendresse, le plus violent amour est l’unique sentiment qui les enflamme, tel est le seul que la nature ait mis dans leurs cœurs. Doublons, triplons donc sans rien craindre ces délicieux incestes, et croyons que plus l’objet de nos desirs nous appartiendra de près, plus nous aurons de charmes à en jouir. Un de mes amis vit habituellement avec la fille qu’il a eu de sa propre mère, il n’y a pas huit jours qu’il dépucela un garçon de treize ans, fruit de son commerce avec cette fille, dans quelques années ce même jeune homme épousera sa mère, ce sont les vœux de mon ami, il leur fait un sort analogue à ces projets, et ses intentions, je le