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l’espèce humaine, après les grands malheurs qu’éprouva notre globe, put-elle autrement se reproduire que par l’inceste ? n’en trouvons-nous pas l’exemple et la preuve, même dans les livres respectés par le christianisme, les familles d’Adam[1] et de Noé purent-elles autrement se perpétuer que par ce moyen ? Fouillez, compulsez les mœurs de l’univers, par-tout vous y verrez l’inceste autorisé, regardé comme une loi sage et faite pour cimenter les liens de famille. Si l’amour, en un mot, naît de la ressemblance, où peut-elle être plus parfaite qu’entre frère et sœur, qu’entre père et fille ? Une politique mal entendue, produite par la crainte de rendre certaines familles trop puissantes, interdisit l’inceste dans nos mœurs ; mais ne nous abusons pas au point de prendre pour loi de la

  1. Adam ne fut comme Noé qu’un restaurateur du genre humain. Un affreux bouleversement laissa Adam seul sur la terre ; comme un pareil événement y laissa Noé ; mais la tradition d’Adam se perdit, celle de Noé se conserva.
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