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de l’édifice que l’on avoit cru détruire, qu’arrivera-t-il ? on rebâtira sur ces bases, et l’on y placera les mêmes colosses, à la cruelle différence qu’ils y seront cette fois cimentés d’une telle force, que ni votre génération, ni celles qui la suivront ne réussiront à les culbuter. Qu’on ne doute pas que les religions sont le berceau du despotisme, le premier de tous les despotes fut un prêtre ; le premier roi et le premier empereur de Rome, Numa et Auguste, s’associèrent l’un et l’autre au sacerdoce ; Constantin et Clovis furent plutôt des abés que des souverains ; Héliogabale fut prêtre du soleil de tous les tems ; dans tous les siècles il y eut, dans le despotisme et dans la religion une telle connexité, qu’il reste plus que démontré qu’en détruisant l’un, l’on doit sapper l’autre, par la grande raison que le premier servira toujours de loi au second ; je ne propose cependant ni massacres, ni exportations, toutes ces horreurs sont trop loin de mon ame pour oser seulement les concevoir une minute ; non, n’assassinez point ; n’exportez point, ces atrocités sont celles des rois, ou des scélérats qui les imitèrent, ce ne n’est point en faisant comme eux que vous forcerez de prendre en horreur ceux qui les exerçoient ; n’employons la force que pour les idoles,