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rapport à son dieu, est précisément le motif qui l’attache à sa religion, l’homme a peur dans les ténèbres tant au physique qu’au moral, sa peur devient habituelle en lui et se change en besoin ; il croiroit qu’il lui manqueroit quelque chose, s’il n’avoit plus rien à espérer ou à craindre. Revenez ensuite à l’utilité de la morale, donnez-leur sur ce grand objet beaucoup plus d’exemples que de leçons, beaucoup plus de preuves que de livres, et vous en ferez de bons citoyens, vous en ferez de bons guerriers, de bons pères, de bons époux, vous en ferez des hommes d’autant plus attachés à la liberté de leur pays, qu’aucune idée de servitude ne pourra plus se présenter à leur esprit, qu’aucune terreur religieuse ne viendra troubler leur génie ; alors le véritable patriotisme éclatera dans toutes les ames, il y régnera dans toute sa force et dans toute sa pureté, parce qu’il y deviendra le seul sentiment dominant, et qu’aucune idée étrangère n’en attiédira l’énergie. Alors votre seconde génération est sûre et votre ouvrage consolidé par elle va devenir la loi de l’univers ; mais si par crainte ou pusillanimité, ces conseils ne sont pas suivis, si l’on laisse subsister les bases

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