Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
82


Français, à la place de cet indigne phantôme, substituons les simulacres imposans qui rendoient Rome la maîtresse de l’univers, traitons toutes les idoles chrétiennes comme nous avons traité celles de nos rois ; nous avons replacé les emblèmes de la liberté sur les bases qui soutenoient autrefois des tyrans, réédifions de même l’effigie des grands hommes sur les pieds-d’estaux de ces poliçons adorés par le christianisme[1], cessons de redouter pour nos campagnes, l’effet de l’athéïsme ; les paysans n’ont-ils pas senti la nécessité de l’anéantissement du culte catholique si contradictoire aux vrais principes de la liberté ? n’ont-ils pas vu sans effroi, comme sans douleur, culbuter leurs autels et leurs presbytères ? Ah ! croyez qu’ils renonceront de même à leur

    divinité, mais dès qu’elles nous exposent sa conduite, nous n’y trouvons qu’impudence, que foiblesse et que folie. Dieu, dit-on, a créé le monde pour lui-même, et jusqu’ici il n’a pu parvenir à s’y faire convenablement honorer, dieu nous a créé pour l’adorer, et nous passons nos jours à nous moquer de lui ; quel pauvre dieu que ce dieu-là !

  1. Il ne s’agit ici que de ceux dont la réputation est faite dès long-tems.